Elevage allaitant L’ouverture pelvienne, nouveau critère de sélection
En France, les données du contrôle de performances en ferme en 2009 montrent que 9 % des vêlages des vaches adultes de race Charolaise nécessitent une extraction forcée ou une césarienne. Ce taux est doublé chez les primipares. L’Inra a cherché à savoir s’il était possible de sélectionner l’aptitude au vêlage en race Charolaise en mesurant l’ouverture pelvienne. Les premiers résultats sont encourageants.
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Toutes ces difficultés viennent en réalité d’une disproportion morphologique entre la taille du veau et celle de l’ouverture pelvienne de sa mère lors de la mise-bas.
« Le patrimoine génétique du veau est à l’origine des effets génétiques directs sur sa taille en fin de gestation », explique Gilles Renand (Inra).
Le patrimoine génétique de la mère va quant à lui intervenir à deux niveaux : via les effets directs transmis à son veau (dont la croissance) et via ses propres aptitudes zootechniques au vêlage (taille de l’ouverture pelvienne, préparation au vêlage). On peut donc agir soit sur le veau, soit sur la mère, soit les deux.
Agir sur le poids des veaux
« On peut donc supposer qu’une sélection pour diminuer du poids des veaux à la naissance permettrait de réduire les difficultés de vêlage. Mais l’effet ne serait que partiel, car le potentiel de croissance des animaux est lui-même positivement corrélé avec le poids à la naissance », poursuivait le scientifique lors de la restitution du travail pendant les rencontres 3R 2010 à Paris.
L’autre voie serait de sélectionner les aptitudes au vêlage des femelles, c'est-à-dire les effets génétiques maternels. « Mais là aussi, les choses sont compliquées car ces effets maternels sont peu héritables, et parce que l’évaluation des reproducteurs ne peut se faire que sur les propres filles des reproducteurs à évaluer. »
Malgré les difficultés, l’Inra a toutefois cherché à analyser le déterminisme génétique des difficultés de vêlage. Le travail a été mené entre 1988 et 2007 sur 3.836 veaux de race Charolaise, issus de 82 taureaux d’IA contrôlés.
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Les mesures Les veaux ont été pesés à la naissance et les conditions de naissance notées sur 4 niveaux de dystocie croissants : naissance non assistée (1) ; légère assistance (2) ; extraction forcée (3) et césarienne (4). Dans les 48 h suivant le vêlage, leur mère a été pesée et la largeur et la hauteur de leur ouverture pelvienne mesurées. L’ouverture pelvienne a été calculée par le produit de ces deux mesures. Ces deux mesures ont également été effectuées sur les vaches vides en fin de la période de vêlage. Le poids et l’ouverture pelvienne ont été également enregistrés sur les génisses à environ 12, 18 et 24 mois et sur les taurillons avant leur départ pour l’abattoir à 15 ou 19 mois. |
L’objectif de ce travail est de voir si l’ouverture pelvienne, notamment, peut être un critère de sélection pour réduire les problèmes de mise-bas.
En premier lieu, la taille du veau
Ces résultats indiquent que le premier critère explicatif de naissances difficiles est la taille du veau, « apprécié par son poids à la naissance ».
Par ailleurs, l’analyse des informations recueillies montre que la fréquence des naissances difficulté décroit avec l’âge de la mère « alors que parallèlement le poids des veaux à la naissance augmente ».
Ainsi, avec l’âge, l’accroissement de la taille de l’ouverture pelvienne est plus marqué que l’accroissement du poids à la naissance du veau. « Les femelles qui, pour un âge donné, présentent une grande ouverture et procurent un environnement utérin limitant la croissance du fœtus sont celles qui ont les aptitudes au vêlage les plus intéressantes. Il serait donc intéressant de pouvoir sélectionner ce critère pour améliorer les facilités de vêlage en race Charolaise. »
Existence d’une composante maternelle en race Charolaise
Cette étude viendrait donc confirmer « l’existence d’une composante maternelle étroitement liée à l’ouverture pelvienne en race Charolaise ». En élevage, la mesure de l’ouverture pelvienne apparaît donc intéressante pour améliorer l’aptitude au vêlage en race Charolaise.
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Les résultats en bref Les résultats indiquent que les veaux mâles sont plus lourds (+3,6 kg) et naissent plus difficilement (+20 %) que les veaux femelles. Pour un même sexe, les naissances difficiles sont associées à des poids à la naissance nettement plus élevés, de +5 à +5,3 kg par rapport à la moyenne des vêlages sans difficultés. L’âge de la mère a un effet très significatif sur le poids des veaux et les conditions de vêlage. « Entre les vêlages à 3 et à 6 ans, les poids à la naissance augmentent de +7,8 kg, soit une augmentation de 18 %. Dans le même temps, les difficultés diminuent de 8 % », résumait Gilles Renand (Inra). Entre 3 et 6 ans, les ouvertures pelviennes des vaches au vêlage augmentent de 22 %. |
Cette méthode a été introduite dans les stations de contrôle sur descendance des trois races à viande spécialisées en France. Mais cette méthode demande du temps et a pour conséquence « d’accroître l’intervalle de génération ». De plus, les entreprises de sélection charolaises ont décidé de mettre un terme à ce contrôle sur descendance en station.
« Avec le développement des outils permettant la mise en œuvre d’une sélection génomique, il serait tout à fait judicieux d’envisager une sélection directe : il faudra pour cela sélectionner l’ouverture pelvienne des jeunes animaux en croissance, en particulier celle des jeunes taureaux en stations d’évaluation, pour améliorer la composante maternelle des facilités de vêlage et sans pénaliser le potentiel de croissance. »
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Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |
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